2017 Wachyieh les beaux " cartiers" au Centre d'art Ronzier de Valenciennes .2017
WACHIYEH- les beaux " cartiers"
J'ai voulu concevoir l'ensemble de l'exposition comme une mise en scène, parfois autobiographique, où les personnages, les histoires, sont rythmés par des installations auxquelles répondent les compositions musicales de Patrick Duquesnoy, guitariste-compositeur.
Enfant, je participais à des camps Scouts arborant fièrement mon chapeau à quatre bosses, et mon foulard bleu et blanc de la troupe du foyer Coligny à Coudekerque-Branche. Les pratiques comme la survie dans la nature, ou l'attribution d'un nom totémique lors de rituels nocturnes nous plongeaient, au-delà des codes militaires, dans l'univers des indiens. Baden Powel ne fut-il pas inspiré par Ernest Thompson Seton, qui le premier s'initia aux coutumes Amérindiennes.
Le fantasme des camps scouts qui, petit à petit, s'est estompé, a aujourd'hui laissé place aux réalités d'un monde contemporain beaucoup moins lisibles.
Certains clichés surgissent néanmoins comme ceux des westerns de notre enfance que nous regardions en famille devant le poste de télévision.
Comme l'écrit Albert Camus dans l'envers et l'endroit « ...une œuvre d'homme n'est rien d'autre que ce long cheminement pour retrouver par les détours de l'art les deux ou trois images simples et grandes sur lesquelles le cœur, une première fois, s'est ouvert. » .
Les sens sont en éveil grâce aux installations sonores qui accompagnent les œuvres.
Nous vivons aujourd'hui dans des espaces, où images et sons deviennent indissociables, de manière volontaire ou non.
les compositions musicales, ponctuées ça et là d'influences Hip-Hop, donnent ici une vision très urbaine, même si je parle des grands espaces.
Des conjonctions se sont opérées entres les lieux et les œuvres au fil des recherches, aboutissant sur des travaux qui portent la marque de nos contradictions illustrées par les paradoxes auxquels sont confrontés la plupart de nos contemporains.
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Lorsque les premiers explorateurs ont posé le pied sur les terres du nouveau monde afin d'en extirper les richesses naturelles, les espaces ne faisaient qu'un avec les indigènes. L'intérêt n'était pas tant la découverte et le désir de savoir, que l’appât du gain pour assouvir les addictions d'un monde dont la boulimie n'aura eu de cesse de croître. L'expédition de Jacques Cartier (1534) en fut la pierre angulaire. Le recul des cultures et de leurs territoires nous montre aujourd'hui de manière beaucoup plus tangible les distorsions qui en découlent.
Néanmoins, à travers ces expéditions, des hommes de savoir faisaient souvent partie des équipages. Ainsi, plus tard, le prêtre jésuite Louis Nicolas explora à son tour la nouvelle France, réalisant un manuscrit sur parchemin intitulé « Codex Canadensis » (1664-1675) qui réunit des dessins illustrant la faune, la flore et les peuples autochtones Nord américains.
En les observant, on y découvre de manière systématique, un geste graphique tel un cardiogramme, faisant vibrer l'ensemble d'une onde quasi musicale. Ces motifs me sont apparus comme une évidence pour rythmer certaines œuvres et construire ensuite des installations plastiques et sonores avec Patrick qui s'est aussitôt immergé dans le flot d'images que je lui envoyais dans un premier temps par SMS. Nous nous sommes ensuite réunis dans son studio pour faire dialoguer images et sons. Les musiques se sont naturellement imposées.
Les Aurores boréales
les ancêtres autochtones dans l'hémisphère-nord devaient recevoir les aurores boréales comme des signes tangibles émanant directement du « grand esprit » et pouvaient sans doute y percevoir des oracles.
On devine dans une des encres comme les contours d'une corne d'élan, pouvant donner naissance à un mythe…
Les animaux- Black-Snake
Les territoires sauvages des Nord-Amérindiens sont cernés, mais en définitive illisibles. Les fondements de leur culture, basés sur la nature, sont morcelés. Les menaces pesantes du matérialisme et du libéralisme accentuent la sensation de division qui règne face aux différences. Apparaissent ici des animaux souvent porteurs de mythes fondateurs : Poisson, tortue, serpent, élan, castor : inspirés du « Codex Canadensis »
Axel Werkling Juin 2017
